• Je l’aime. Ce simple constat me permet de tenir. Chaque jour passé sans lui me tue un peu plus. Mais je sais qu’un jour, il reviendra vers moi. Car je sais qu’au plus profond de lui, il m’aime plus que tout.

    Lorsque je l’ai vu pour la première fois, j’ai tout de suite eu le coup de foudre. Mais je n’étais qu’une fille comme les autres à ses yeux. Une simple fille. Banale, sans intérêt.

    J’ai persisté. Je le voulais pour moi seule. J’étais jalouse dès qu’il parlait à une autre fille. J’étais désespérée lorsqu’il n’était pas près de moi, dès que je ne le voyais plus. Je ne voyais pas ma vie sans lui.

    Alors j’ai décidé de lui parler. De tout. De rien. Il m’envoyait paître à chaque fois. Mais rien que le fait qu’il m’ait adressé la parole me rendait heureuse.

    Il avait ses occupations, et moi les miennes. À force de l’observer, j’ai vu que l’on pouvait passer du temps ensemble. Qu’on avait des occupations similaires. Alors j’ai choisi de passer mon temps avec lui.

    Bien sûr, je n’étais qu’un simple pot de colle à ses yeux. Une groupie, comme il disait. En soi, une simple fille, banale, sans intérêt.

    Et un jour, l’impensable se produisit. Il me voyait d’un autre œil. J’avais désormais de l’intérêt à ses yeux. Peut-être pas celui que je désirais, mais j’avais de l’intérêt à ses yeux. Alors je fis en sorte de ne pas perdre cet intérêt.

    Nous passions tout notre temps libre ensemble, à vaquer à nos occupations communes. Je rendais jalouse les autres filles. Je m’en foutais totalement. J’étais avec lui.

    Un jour, il se mit à me raccompagner chez moi. Peut-être était-ce dû aux récents évènements en ville, peut-être avait-il eu un déclic. Je n’en su jamais rien. Mais il me raccompagnait chez moi tous les soirs à partir de ce moment.

    Nous avions notre routine. Nous travaillions, nous mangions, nous nous amusions ensemble, et il me raccompagnait chez moi une fois le travail de la journée terminé.

    Un jour sur deux, je faisais le repas pour nous deux. Un jour sur deux, c’était lui qui faisait à manger pour nous deux. C’était notre routine. Et elle me convenait parfaitement.

    Mais j’en voulais toujours plus de lui. Je le voulais lui. Peut-être qu’il s’en était douté, peut-être pas. Mais le jour où son comportement changea du tout au tout envers moi me déstabilisa vraiment.

    Chaque matin, il était là. Devant chez moi, à m’attendre. Avec une fleur à la main. Qu’il me mettait dans les cheveux. Il refusait que je l’enlève.

    J’avais droit à une fleur différente chaque jour. Elle représentait son humeur, son état d’esprit pour la journée. Je savais donc comment agir avec lui à chaque instant de la journée grâce à cette fleur.

    Malgré tous ces petits détails, notre routine ne changea pas. Elle changea légèrement. Mais pas dans sa globalité. Nous faisions toujours tout ensemble, comme avant.

    Un jour, j’ai vraiment compris que c’était notre routine qui nous avait rapprochés. Ce jour-là est à jamais gravé dans ma mémoire.

    J’étais tombée malade. Je ne pouvais pas sortir du lit. Alors il est venu chez moi. Il s’était arrangé pour que notre routine continue malgré ma maladie.

    Nous avions travaillé ensemble, nous avions mangé ensemble. Mais juste avant de partir, il avait déposé un baiser sur mon front et m’avait dit de vite me rétablir.

    Il avait finalement développé des sentiments envers moi. Il avait fallu que je tombe malade pour qu’il s’en rende compte. Cela me rendait plus qu’heureuse.

    Je m’étais rétablie assez vite. C’était une de mes qualités. Nous avions repris notre routine habituelle. Mais chaque jour, une nouveauté s’incrustait dans notre routine.

    Un mot. Un geste. Un regard. Tout ce qui n’était pas habituel perturbait notre routine. Mais cela ne nous perturbait vraiment pas plus que ça.

    Depuis ce que j’avais appelé l’«incident», j’avais du mal à le regarder dans les yeux. Et je rougissais dès qu’il était très proche de moi. Et je pouvais remarquer que lui aussi.

    Tous les jours, j’avais hâte de me retrouver avec lui. Je pouvais passer mes journées à le contempler. Tant que j’étais juste avec lui, j’étais heureuse.

    Je sentais bien que lui était bien lorsqu’il était avec moi. Mais notre routine nous empêchait de passer plus de temps que prévu ensemble.

    Alors je décidais qu’il était temps de briser notre routine. Qu’il était temps qu’on aille de l’avant. Ce fut mon déclic. Qui fut celui qui déclencha son déclic.

    Le matin de ce jour-là, ce n’est pas lui qui mit la fleur dans mes cheveux. Ce fut moi. Et je déposai un baiser sur sa joue pour l’en remercier. C’était le premier pas pour briser notre routine.

    Lors du repas de midi de ce jour-là, nous ne mangeâmes pas ensemble. Nous nous étions séparés, afin de réfléchir sur nous-même. C’était le deuxième pas pour briser notre routine.

    Le soir de ce jour-là, il me raccompagna chez moi, mais insista pour passer la soirée avec moi, chez moi. C’était le troisième et dernier pas pour briser notre routine.

    Je vivais seule et j’avais peu de fréquentation. Alors je n’avais pas l’habitude de recevoir quelqu’un chez moi. Mais cela ne le dérangea pas du tout.

    Durant toute la soirée, il n’arrêta pas de me poser des questions. Toutes portaient sur moi. Il voulait vraiment en savoir plus sur moi. Je découvris que je ne savais pas grand-chose sur moi-même.

    Il se faisait tard. Il devait rentrer chez lui. Mais je ne voulais pas qu’il parte. Pas encore. Alors je pris les devants. Et je l’embrassai.

    Je pensais qu’il allait me repousser, me rejeter. Mais non. Il ne fit rien de cela. Au contraire, je ressentis qu’il avait attendu ce baiser depuis longtemps.

    Ce simple baiser ne dura pas longtemps. Mais il fut suffisant long à notre goût. Ce simple baiser nous permit de nous dire des choses l’un sur l’autre.

    Finalement, il ne rentra pas chez lui ce soir-là. Il passa la nuit avec moi. Il avait suffi d’un baiser pour le faire changer d’avis. Et cela me comblait plus que tout au monde.

    La nuit que nous avions passée ensemble est le dernier souvenir joyeux que j’ai de lui. Le souvenir du matin qui suivit cette nuit-là est le plus douloureux qu’il me reste de lui.

    Je me réveillai, mais il n’était plus à côté de moi. Ses affaires n’étaient plus là non plus. Mais il y avait du bruit chez moi. Il était encore là. Alors j’allai vers le bruit.

    Il était en train de rassembler ses affaires. Il avait le regard triste. Il s’approcha de moi, et m’embrassa, comme si c’était la dernière fois que nous nous voyons.

    Les mots qu’il me dit à ce moment-là sont encore gravés dans ma mémoire. Ces simples mots qui ont bouleversé les principes de ma vie.

    «Ma chérie, je dois te quitter. Sache que je le fais avec énormément de regrets. J’aurais aimé te dire plus tôt les mots que tu désires entendre aujourd’hui. Je t’aime.»

    Il m’embrassa à nouveau, et il sortit de ma maison. Je me mis à pleurer. C’était comme si on avait creusé un trou au sein de mon cœur.

    J’appris bien plus tard qu’il avait été appelé ailleurs, pour un petit job. J’espérais qu’il ne m’avait pas oublié. La lettre que je reçus de lui me prouva que j’avais raison d’espérer.

    Le temps a coulé depuis que nous nous sommes quittés. Mais aujourd’hui, debout sur le port, je sais qu’il me reviendra. Car lui et moi sommes liés pour l’éternité.


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    Une ombre se faufile derrière moi. Je prends peur. Pourtant, j'ai une idée sur l'identité de cette ombre. J'aimerai me retourner pour la voir. Mais je n'ai pas le droit. Si je me retourne, seul Dieu sait ce qu'il pourra m'arriver. Alors je continue à avancer.

    Cette ombre me menace. J'ai tellement peur, que l'envie de me retourner s'intensifie. Je cherche un objet devant moi. Un objet qui se trouverait le plus loin possible de moi. Pour y focaliser mon regard. Car plus je concentrerai mes yeux sur quelque chose, moins j'aurai de chance de vouloir me retourner.

    Je trouve un clocher d'église. Et il y a une horloge. Je pose mes yeux sur les aiguilles de cette horloge. Je me concentre sur ses éléments. Une grande aiguille. Dont le rôle est d'indiquer les minutes écoulées de l'heure en cours. Une petite aiguille. Dont le rôle est d'indiquer l'heure dans laquelle nous sommes. Je remarque la non-présence d'une trotteuse. Dont le rôle est de donner les secondes écoulées dans la minute en cours. L'horloge me donne donc l'heure à la minute près. Je note dans un coin de ma tête l'heure qu'il est. 9:51. Et comme il fait nuit, j'en déduis qu'il est 9:51 du soir. Soit 21h51.

    Je me concentre sur le clocher. Plus j'avance, plus le clocher semble se rapprocher de moi. Je décide de faire une pause. Je suis essoufflée. Comme si je venais de courir un marathon de quinze bornes. Je décide à nouveau de regarder l'heure. 9:51.

    C'est impossible. Il ne peut pas être cette heure-là. J'ai compté dans ma tête les secondes. Il aurait dû s'écouler plus de cinq minutes. Et je la sens encore. Cette présence menaçante dans mon dos.

    J'ai tellement la frousse que je ne peux m'empêcher de me retourner. Je me trouve désormais face à cette ombre menaçante. Elle me fixe intensément. Et cela me file de plus en plus les pétoches. Un sourire se dessine sur ces lèvres – si tant est soit peu que ce soit des lèvres. Un sourire de sadique. Mes jambes décident de m'abandonner. Elles se dérobent, et je me retrouve face contre terre. J'ai peur de perdre de vue l'ombre si je me retourne pour regarder l'heure. Mais j'ai ce besoin de vouloir connaître l'heure qu'il est. L'ombre s'est approchée de moi. Elle me susurre à l'oreille de me retourner et de regarder l'heure sur le clocher de l'église. Et je m'exécute.

    9:51. Toujours la même heure. Toujours la même minute. J'ai perdu l'ombre de vue. Et quand je me retourne pour savoir si elle est toujours là, elle n'y est plus. Je commence à paniquer. Est-ce une mauvaise blague ? Est-ce une illusion ? Est-ce un mauvais rêve ? Pourtant, je l'entends encore. Elle me dit de me réveiller. Mais me réveiller de quoi ? Les ombres autour de moi commencent à se mouvoir. Suis-je en train de devenir folle ?

    -

    Le réveil sonne. Le soleil s'est levé depuis longtemps déjà. Je regarde à mes pieds. Pas d'ombre menaçante. Autour de moi. Toujours pas d'ombre menaçante en vue. Je regarde mon réveil. 9:52. Et les aiguilles du réveil tournent sans problème. Je venais de faire un mauvais rêve. Rien de plus. Pourtant, je sens comme une ombre menaçante sur moi ... Une ombre menaçante avec un sourire de sadique aux lèvres.

     

    Inspiré par : The Legend of Zelda - Artifact of Power, mvmt. 4 : Shadows left by Time
    Rédigé en écoutant : The Legend of Zelda - Artifact of Power, mvmt. 1 to mvmt. 4
    Aucun rapport avec le monde de The Legend of Zelda


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