• Après être restée près de une demie heure dans mon bain, je décide de sortir. J'enfile les habits que j'ai pris – un vieil ensemble de survêtement noir – et je quitte la salle de bains, après l'avoir rangée et avoir récupéré mon pyjama. Je jette un coup d’œil à l'horloge accrochée en face de la porte de la salle de bains. Elle indique qu'il est presque huit heures. Et comme je n'entends pas grand-chose à la maison, c'est que personne n’est réveillé. Je retourne dans ma chambre pour tenter de trouver une potentielle excuse viable à donner à mon père.

    Il est neuf heures passées lorsque j'entends la cafetière se mettre en marche. C’est que, pour une cafetière, elle fait un boucan d'enfer. Et comme une cafetière ne s'allume pas seule - enfin pas à ma connaissance – c'est que ma sœur est vraiment réveillée. Ou mon père. Ou les deux. Je décide de vérifier cela par moi-même, quitte à devoir m'expliquer avec Papa immédiatement. Je quitte donc ma chambre, et descends les escaliers afin d'aller dans la cuisine. J'entends ma sœur et mon père discuter, alors je décide de faire le moins de bruit possible, afin de les espionner. D'habitude, je ne fais pas ça. Mais là, c'est un cas exceptionnel. Et en plus, ils parlent de moi.

    « -Kat' ? Je l'ai croisée ce matin dans le couloir.

    -J'ai entendu. Tu n'as pas été très discrète non plus.

    -Désolée, mais il fallait que ça sorte. Je ne pouvais plus supporter cette situation. C’est ma sœur, et même si elle refuse de l'admettre, je dois veiller sur elle moi aussi. C’est comme ça et puis c'est tout, comme elle dirait. »

    Mon père se met à rire. Et moi, j'ai l'impression d'avoir raté un épisode. Ma sœur n'est pas connue pour être très robuste. Surtout au lycée. C'est pourquoi je veux la protéger. Et que je l'ai décidé sans même lui en parler.

    « -'Pa, qu'est ce qu'il te fait rire comme ça ?

    -Toi, protéger quelqu'un … Et par dessus le marché ta sœur … C'est ça qui est drôle !

    -Mais ce n'est pas drôle Papa ! C’est vrai ! Pourquoi je ne pourrais pas la protéger à ma façon ? Dis moi pourquoi avant que la cafetière finisse par échouer sur toi ! »

    Mon père a dû prendre la remarque au sérieux vu qu'il s'est arrêté de rire. Il ne faut jamais réveiller l'eau qui dort.

    « Tu es si douce et gentille. Tu as bon cœur. Tu es son opposée. Et pourtant tu veux rester près d'elle. Ta bonté te perdra Lena. »

    Elle s'est tue. Elle devait chercher quelque chose à rétorquer quand je me suis mise dans l'ouverture de la porte. Je fais comme si je n'ai rien entendu. Même si dans la dernière phrase que Papa a dite, il y avait quelque chose qui sonnait faux.

    « Bonjour tout le monde. Et désolée pour le réveil, j'ai dû oublier de le désactiver hier soir. Je devais être trop crevée pour ça. »

    Je fais comme si tout était normal. Sauf que rien n'était normal. Normalement. Je me sors une tasse du placard, et me sers une tasse de chocolat chaud. Il n'y a que ma sœur qui boit du café. Papa et moi, on n'aime pas ça. Au moment où je me mets assise, mon père se place derrière moi, les mains sur mes épaules. Je sens que mon cas ne va pas tarder à passer au tribunal familial. Je sirote mon chocolat, en attendant le moment fatidique, et en essayant de ne pas montrer que je le redoute beaucoup. Mon père prend la parole, pour rompre le silence, devenu pesant.

    « Ce sont des choses qui arrivent, d'oublier de désactiver son réveil. Quand j'avais ton âge, ça m'est arrivé pas mal de fois. Moi qui pensais que tu n'avais rien hérité de moi ! »

    Et un fou rire se déclenche sur ces paroles. J'asperge même Lena de chocolat, qui se trouve malheureusement en face de moi. Elle pourrait s'emporter et se venger. Mais elle ne fait rien. Elle est juste là, assise, se regardant, et riant avec nous. Une belle matinée en somme.


    votre commentaire
  • Je sais que cette scène marrante dans la cuisine ne durera pas. Je sais que, bientôt, je vais me faire questionner sur mes actions d'hier. Je sais que je vais en prendre un coup. Mais je fais comme si je ne le savais pas. Papa a toujours ses mains sur mes épaules. J'en viens presque à me demander comment il a fait pour ne pas se tordre de rire. Mais le silence est revenu. Encore plus pesant qu'avant. Un frisson me parcourt le dos. Mon chocolat n'a plus le même goût que d'habitude.

    « Kat'. Il faut qu'on parle. »

    Je sens d'un coup la peur me gagner. Que pourrais-je lui répondre, à part que je ne sais pas ce qu'il m'est arrivé cette nuit. J'essaye de rester calme. Le plus calme possible. Mais sa poigne se fait plus persistante. Il faut que j'essaye de positiver.

    « Moi je veux bien, mais tu veux qu'on parle de quoi ? De mon comportement ? On n'en parle pas assez tu trouves ? Je t'ai déjà dit que je n'en changerai pas, et pourquoi je n'en changerai pas. »

    Je me retourne pour le regarder dans les yeux. Grosse erreur. Je viens de le mettre en colère, avec mon idée à deux balles.

    « Tu crois franchement que tu peux te permettre des fantaisies après ce que tu viens de nous faire ? Et tu oses en plus me parler de cette façon ? Encore heureux que je refuse de lever la main sur toi … Sinon tu aurais déjà la joue rouge. Si ce n’est pas les deux joues rouges. »

    J'ai honte d'avoir énervé Papa. Tellement honte, que les larmes me montent aux yeux. Je me retourne vers Lena, l'implorant du regard. Mais elle détourne le sien. Elle voudrait ne pas être ici, dans cette pièce. Mais elle n'a pas le choix. Voyant le désarroi de Lena, Papa me force à me lever de ma chaise sans pour autant me brusquer.

    « Lena, je te dirai tout après. Après tout, tu n'es pas obligée de subir ça. »

    Papa a parlé avec douceur. Pourtant il est toujours en colère. Lena le regarde. On peut lire un remerciement et de la gêne dans son regard. C'est ce regard-là que je déteste le plus chez elle.

    Papa m’entraîne vers son bureau, à l'autre bout de la cuisine. On peut hurler à la mort que même depuis la cuisine, on n'entendrait pas grand-chose. Les murs défilent dans le silence le plus complet. Seuls nos bruits de pas rompent ce silence. On arrive enfin devant le bureau. J'ai eu l'impression que ce moment a duré des heures et des heures. Ce qui n'a pas vraiment calmé mon esprit. Papa ouvre la porte et m'invite à rentrer en me poussant légèrement. On pourrait croire qu'il a peur de me casser, comme on pourrait casser une poupée de porcelaine. La pièce est assez petite pour un bureau. Et le plus dérisoire dans cette pièce, c’est le bureau. Il s'agit juste d'une table d'école. Une simple table d'école. Le reste de la pièce est vide. Et on appelle ça le bureau.

    « Écoute Kat', tu sais que tu peux tout me dire. Si tu vois quelqu'un, je ne t’interdirai pas de voir cette personne. Tu peux me faire confiance. »

    Papa s'est adouci. Même si je peux tout lui dire, si je lui raconte ma mésaventure de la veille, je pense que je vais passer pour folle à ses yeux. Papa me fixe depuis qu'il s’est tu, attendant ma réponse. Mais je ne lui réponds pas. Cependant quelque chose semble l'intriguer. Il se lève et s'approche de moi. Je devrais paniquer. Sauf que je ne panique pas. Je ne sais pas pourquoi. Au contraire. C’est comme si je voulais qu'il sache sans devoir le lui dire. Papa est juste devant moi. Je refuse de lever la tête pour le regarder. Pas par défi. Par peur. J'ai juste peur qu'il s'énerve à nouveau. Cependant, tout ne se passe pas comme on l'attend. D'un coup il me prend dans ses bras, comme si il câlinait une enfant en pleurs. Sauf que je ne suis pas une enfant en pleurs. Je suis juste une enfant au bord des larmes, prête à craquer car elle ne comprend plus rien à la situation. Il se met à parler comme à une gamine en pleurs. De façon inintelligible et inaudible. Et pourtant je me laisse aller. De toute façon, il a compris qu'il m'est arrivé quelque chose et que je n'en parlerai pas. Enfin pas maintenant.


    votre commentaire
  • Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés dans le bureau avec Papa. Après notre câlin, on s'est assis, et on a discuté. Principalement de mon comportement lors du dernier cours, qui m'a valu un aller simple chez les TIG. Quand je lui ai expliqué la situation, il a éclaté de rire. Il regrette de m'avoir donné des TIG, mais il n'avait pas eu le choix. Ensuite, on a parlé de moi en général. Comme à chaque fois, il me reproche d'être trop impulsive. Mais je peux noter une pointe de fierté dans sa voix. Après tout, des comme moi, il n'y en a pas deux au monde. Et encore moins prête à tout pour une sœur. Puis on a décidé de faire une surprise à Lena, pour qu'elle arrête de se faire un sang d'encre. Mais jamais on n'a parlé de la raison de mon silence. On décide qu'il n’est plus nécessaire de rester dans le bureau, et d'aller donner des signes de vie à Lena, qui doit se faire du mouron dans la cuisine.

    Il est environ dix heures et demie lorsqu'on retourne à la cuisine. Sauf que Lena n'y est plus. Si elle sortait, elle serait venue nous prévenir. Je décide d'aller voir si elle n’est pas retournée dans sa chambre. Juste avant que je sorte de la cuisine, Papa m'attrape par le bras.

    « Si jamais tu ne te sens pas bien, tu viens me voir immédiatement ! »

    Un frisson me parcourt le dos. Il m'a dit ces mots avec beaucoup de fermeté. Étant choquée de la façon avec laquelle il venait de me parler, je n'arrive pas à sortir un simple « Oui » de ma bouche. Comme réponse, je hoche de façon affirmative la tête. Et je sors de la cuisine. Non sans me hâter. Comme si je voulais m'éloigner de Papa au plus vite. Et en repensant à ce qu'il vient juste de me dire, je percute Lena.

    « Tu ne pouvais pas faire gaffe ! C'est quand même pas la journée à problèmes ! T'es vraiment pas croyable ! »

    Et elle est à nouveau en rogne contre moi.

    « -Écoute Lena, on te cherche partout avec Papa, je réfléchissais à où tu pourrais être si je ne trouve pas dans ta chambre, et tu oses me dire de faire gaffe ? On s'inquiète pour toi, et voilà comment tu nous remercies …

    -Et toi, tu n'es même pas capable de t'excuser … Quand Papa me dit qu'il faudrait t'apprendre les bonnes manières … Fais un effort pour une fois !

    -Promis ! »

    J'ai répondu « Promis ! » d’instinct. Même si elle sait que je risque de ne pas tenir ma promesse. C'est le moment que Papa choisit pour venir nous charrier, une fois de plus. À nous lancer qu'on devrait plutôt se faire des câlins plutôt que de se chamailler. Et nous, comme deux joyeuses gamines, on en profite pour en remettre une couche. On a toujours un prétexte pour se chamailler comme des gamines. Et c'est ça qui nous fait sourire. Tous les trois. On forme une vraie famille. Alors que nous sommes pourtant tous différents. La vie a repris son cours. Comme si il ne m'était jamais rien arrivé.

    Nous nous sommes amusés jusque midi, puis Papa nous a fait un super repas de famille. Repas mexicain. Tacos, burritos, chips et sauces mexicaines … La totale. Puis nous avons repris notre petit jeu d'enfants. C’était comme si rien de bizarre ne m’était arrivée. Comme si j’avais fait un mauvais rêve.

    Nous étions en train de débarrasser joyeusement la table lorsque des vertiges m’assaillirent. Je n’eus à peine le temps de poser les assiettes que j’avais en main sur la table que je m’évanouis instantanément. La dernière chose que je vis avant de sombrer au pays des pommes fut le visage fermé de mon père.


    votre commentaire
  • Bienvenue à toi, personne qui lit ceci.

    Tu dois te dire : Nyeh a encore ouvert un nouveau blog ! Et bien oui, j'ai ouvert un nouveau blog. Il regroupera principalement mes fictions et autres textes d'écriture que je ne pourrais caser sur mon blog principal (admirez le coup de pub au passage !). Pourquoi maintenant ? Parce que j'ai décidé de ranger (encore) un peu mon blog principal, et je trouvais que la fic n'avait plus vraiment sa place dessus.

    Le blog a ouvert ses portes il y a deux jours. Et en deux jours, il y a eu pas mal de changements. En effet, il a fallu faire le thème, les premières rubriques, transférer ma fanfic Liés par le Sang ... Pleins de choses à faire en soi !

    Parlons du thème. Les personnes qui me connaissent IRL savent pourquoi mon thème porte sur cet anime (indice subtil : mon blog principal aura aussi un thème sur le même anime). Dommage pour ceux qui ne me connaissent que IVL ... Seules Mrs Swadloon et Queen Paramount ont eu un aperçu de ce futur thème d'ailleurs (D'ailleurs, merci les filles de m'avoir aider avec les petits détails de m*rde !).
    Il m'a fallu deux p*tain de jours pour pondre le thème. Et si tu regardes rapidement dans le footer, tu pourras apercevoir un joli Design Version 1.7 by Nyeh. Non je n'ai pas changé sept fois de détails, aussi infimes étaient-ils, sur CE thème en particulier.
    Depuis tout à l'heure je te parle du thème, mais connais-tu l'anime en question ? Non ? Et bien, il s'agit de JoJo's Bizarre Adventure (JJBA pour les intimes), l'un de mes derniers ÉNORMES GROS COUPS DE CŒUR (Je te remercie, Ô toi chère série abrégée, de m'avoir fait connaître ce merveilleux anime, que je devais mater depuis au moins un an ! Ma vie en est devenue meilleure !). Je te laisse avec ton ami Google pour regarder de quoi ça parle.

    Le blog est encore assez pauvre en contenu. Normal, puisqu'il vient d'ouvrir ! Mais d'ici quelques jours, il devrait y avoir de la nouveauté.
    Comme tu peux le voir dans le pseudo-menu du header, il y a diverses sections. Une pour les fanfictions à chapitres, une pour les one shot (fanfictions en un chapitre) et enfin, une dernière pour mes OCs (Original Characters). En plus des liens utilitaires, comme le renvoi à la page d'accueil, le formulaire de contact et la section des mises à jour du blog.
    Concernant les mises à jours, elle ne seront pas forcément régulières, c’est à dire publiées de façon régulière, type toutes les deux semaines, une par mois, etc ... Elles seront publiées que quand j'estimerais qu'il est nécessaire d'en publier une. Peut-être j'en publierais une dès qu'un chapitre ou un one shot est sorti, pour les annonces de nouveautés, sur le thème comme la sortie d'une nouvelle fiction ...

    Si vous me suivez depuis un petit moment, vous savez que je participe au projet Eklabugs. Peut être que mes écrits pour le projet se retrouveront ici, qui sait ...

    Passons maintenant à la partie la plus intéressante (du point de vue du contenu du blog) :

    • Liés par le Sang : mise en ligne des chapitres 1 à 7 inclus (transféré de mon blog principal), suite à venir ...
    • Le jour où ma vie a changé : écriture en cours, état : 50%.

    Voilà voilà, c'était la première mise à jour du blog. Il fallait bien inauguré le blog (d'une certaine manière, on peut dire qu'on l'a fait !).

    Bonne lecture et bon voyage aux pays des rêves !

    Admire au passage les petits coups de pub que j'ai placé dans ce simple article de mise à jour ...


    votre commentaire
  • Je l’aime. Ce simple constat me permet de tenir. Chaque jour passé sans lui me tue un peu plus. Mais je sais qu’un jour, il reviendra vers moi. Car je sais qu’au plus profond de lui, il m’aime plus que tout.

    Lorsque je l’ai vu pour la première fois, j’ai tout de suite eu le coup de foudre. Mais je n’étais qu’une fille comme les autres à ses yeux. Une simple fille. Banale, sans intérêt.

    J’ai persisté. Je le voulais pour moi seule. J’étais jalouse dès qu’il parlait à une autre fille. J’étais désespérée lorsqu’il n’était pas près de moi, dès que je ne le voyais plus. Je ne voyais pas ma vie sans lui.

    Alors j’ai décidé de lui parler. De tout. De rien. Il m’envoyait paître à chaque fois. Mais rien que le fait qu’il m’ait adressé la parole me rendait heureuse.

    Il avait ses occupations, et moi les miennes. À force de l’observer, j’ai vu que l’on pouvait passer du temps ensemble. Qu’on avait des occupations similaires. Alors j’ai choisi de passer mon temps avec lui.

    Bien sûr, je n’étais qu’un simple pot de colle à ses yeux. Une groupie, comme il disait. En soi, une simple fille, banale, sans intérêt.

    Et un jour, l’impensable se produisit. Il me voyait d’un autre œil. J’avais désormais de l’intérêt à ses yeux. Peut-être pas celui que je désirais, mais j’avais de l’intérêt à ses yeux. Alors je fis en sorte de ne pas perdre cet intérêt.

    Nous passions tout notre temps libre ensemble, à vaquer à nos occupations communes. Je rendais jalouse les autres filles. Je m’en foutais totalement. J’étais avec lui.

    Un jour, il se mit à me raccompagner chez moi. Peut-être était-ce dû aux récents évènements en ville, peut-être avait-il eu un déclic. Je n’en su jamais rien. Mais il me raccompagnait chez moi tous les soirs à partir de ce moment.

    Nous avions notre routine. Nous travaillions, nous mangions, nous nous amusions ensemble, et il me raccompagnait chez moi une fois le travail de la journée terminé.

    Un jour sur deux, je faisais le repas pour nous deux. Un jour sur deux, c’était lui qui faisait à manger pour nous deux. C’était notre routine. Et elle me convenait parfaitement.

    Mais j’en voulais toujours plus de lui. Je le voulais lui. Peut-être qu’il s’en était douté, peut-être pas. Mais le jour où son comportement changea du tout au tout envers moi me déstabilisa vraiment.

    Chaque matin, il était là. Devant chez moi, à m’attendre. Avec une fleur à la main. Qu’il me mettait dans les cheveux. Il refusait que je l’enlève.

    J’avais droit à une fleur différente chaque jour. Elle représentait son humeur, son état d’esprit pour la journée. Je savais donc comment agir avec lui à chaque instant de la journée grâce à cette fleur.

    Malgré tous ces petits détails, notre routine ne changea pas. Elle changea légèrement. Mais pas dans sa globalité. Nous faisions toujours tout ensemble, comme avant.

    Un jour, j’ai vraiment compris que c’était notre routine qui nous avait rapprochés. Ce jour-là est à jamais gravé dans ma mémoire.

    J’étais tombée malade. Je ne pouvais pas sortir du lit. Alors il est venu chez moi. Il s’était arrangé pour que notre routine continue malgré ma maladie.

    Nous avions travaillé ensemble, nous avions mangé ensemble. Mais juste avant de partir, il avait déposé un baiser sur mon front et m’avait dit de vite me rétablir.

    Il avait finalement développé des sentiments envers moi. Il avait fallu que je tombe malade pour qu’il s’en rende compte. Cela me rendait plus qu’heureuse.

    Je m’étais rétablie assez vite. C’était une de mes qualités. Nous avions repris notre routine habituelle. Mais chaque jour, une nouveauté s’incrustait dans notre routine.

    Un mot. Un geste. Un regard. Tout ce qui n’était pas habituel perturbait notre routine. Mais cela ne nous perturbait vraiment pas plus que ça.

    Depuis ce que j’avais appelé l’«incident», j’avais du mal à le regarder dans les yeux. Et je rougissais dès qu’il était très proche de moi. Et je pouvais remarquer que lui aussi.

    Tous les jours, j’avais hâte de me retrouver avec lui. Je pouvais passer mes journées à le contempler. Tant que j’étais juste avec lui, j’étais heureuse.

    Je sentais bien que lui était bien lorsqu’il était avec moi. Mais notre routine nous empêchait de passer plus de temps que prévu ensemble.

    Alors je décidais qu’il était temps de briser notre routine. Qu’il était temps qu’on aille de l’avant. Ce fut mon déclic. Qui fut celui qui déclencha son déclic.

    Le matin de ce jour-là, ce n’est pas lui qui mit la fleur dans mes cheveux. Ce fut moi. Et je déposai un baiser sur sa joue pour l’en remercier. C’était le premier pas pour briser notre routine.

    Lors du repas de midi de ce jour-là, nous ne mangeâmes pas ensemble. Nous nous étions séparés, afin de réfléchir sur nous-même. C’était le deuxième pas pour briser notre routine.

    Le soir de ce jour-là, il me raccompagna chez moi, mais insista pour passer la soirée avec moi, chez moi. C’était le troisième et dernier pas pour briser notre routine.

    Je vivais seule et j’avais peu de fréquentation. Alors je n’avais pas l’habitude de recevoir quelqu’un chez moi. Mais cela ne le dérangea pas du tout.

    Durant toute la soirée, il n’arrêta pas de me poser des questions. Toutes portaient sur moi. Il voulait vraiment en savoir plus sur moi. Je découvris que je ne savais pas grand-chose sur moi-même.

    Il se faisait tard. Il devait rentrer chez lui. Mais je ne voulais pas qu’il parte. Pas encore. Alors je pris les devants. Et je l’embrassai.

    Je pensais qu’il allait me repousser, me rejeter. Mais non. Il ne fit rien de cela. Au contraire, je ressentis qu’il avait attendu ce baiser depuis longtemps.

    Ce simple baiser ne dura pas longtemps. Mais il fut suffisant long à notre goût. Ce simple baiser nous permit de nous dire des choses l’un sur l’autre.

    Finalement, il ne rentra pas chez lui ce soir-là. Il passa la nuit avec moi. Il avait suffi d’un baiser pour le faire changer d’avis. Et cela me comblait plus que tout au monde.

    La nuit que nous avions passée ensemble est le dernier souvenir joyeux que j’ai de lui. Le souvenir du matin qui suivit cette nuit-là est le plus douloureux qu’il me reste de lui.

    Je me réveillai, mais il n’était plus à côté de moi. Ses affaires n’étaient plus là non plus. Mais il y avait du bruit chez moi. Il était encore là. Alors j’allai vers le bruit.

    Il était en train de rassembler ses affaires. Il avait le regard triste. Il s’approcha de moi, et m’embrassa, comme si c’était la dernière fois que nous nous voyons.

    Les mots qu’il me dit à ce moment-là sont encore gravés dans ma mémoire. Ces simples mots qui ont bouleversé les principes de ma vie.

    «Ma chérie, je dois te quitter. Sache que je le fais avec énormément de regrets. J’aurais aimé te dire plus tôt les mots que tu désires entendre aujourd’hui. Je t’aime.»

    Il m’embrassa à nouveau, et il sortit de ma maison. Je me mis à pleurer. C’était comme si on avait creusé un trou au sein de mon cœur.

    J’appris bien plus tard qu’il avait été appelé ailleurs, pour un petit job. J’espérais qu’il ne m’avait pas oublié. La lettre que je reçus de lui me prouva que j’avais raison d’espérer.

    Le temps a coulé depuis que nous nous sommes quittés. Mais aujourd’hui, debout sur le port, je sais qu’il me reviendra. Car lui et moi sommes liés pour l’éternité.


    votre commentaire